Coups de cœur adultes été 2021

Ralentir… et si on s’y mettait vraiment

Printemps 2022 : Émilien Long, prix Nobel d’économie est passé au second tour des Présidentielles et attend le grand résultat. Son programme ? Réduire le temps de travail à 3h par jour pour consacrer davantage de son temps à soi, aux autres, à la planète.

Si l’idée fait sourire au début, voici que l’auteur convoque avec érudition des penseurs ayant réfléchi au sujet, sous la plume de notre économiste en pleine construction de son programme et de sa campagne présidentielle.

Utilisant un compte à rebours très prenant jusqu’au grand soir du résultat, Hadrien Klent se saisit de nos questionnements autour d’un nouveau modèle de société pour nous faire toucher du doigt un devenir possible.

Un style très fluide, une des lectures marquantes de cette année !

Paresse pour tous, Hadrien Klent, Le tripode, 19 €


L’amitié à l’épreuve d’un été

Eté 1981, dans une auberge de montagne : le jeune Roberto y retrouve chaque année son ami Mattia. Fuyant tous deux une ambiance familiale pesante, les deux adolescents cherchent à s’aguerrir et n’hésitent pas pour cela à braver les dangers de la nature environnante… jusqu’au jour où tout bascule.

Trente ans plus tard, Roberto revient sur les lieux de cet été qu’il porte encore dans les replis sombres de son histoire.

Un très grand roman sur l’amitié de toute une vie, sur l’adolescence fragile et furieuse, un récit impossible à lâcher jusqu’à la dernière ligne.

C’est ici que tout commence, Massimo Donati, traduit de l’italien par Jean-Luc Defromont, Actes Sud, 23 €

Enquête italienne à Parme

Deux cadavres sont retrouvés dans la basse plaine du fleuve Pô, aux environs de Parme.

Dans une ambiance brumeuse propice aux âmes mélancoliques et solitaires, le commissaire Soneri nage en eaux troubles pour démêler l’affaire entre trafic d’armes, pêche illégale et anciennes luttes historiques entre fascistes et partisans.

Une ambiance parfaitement réussie pour cette nouvelle enquête de notre commissaire gastronome.

La maison du commandant, Valerio Varesi, traduit de l’italien par Florence Rigollet, Agullo, 21.50 €

Roman noir et social implacable

Mathilde travaille dans les affaires sociales, elle y est confrontée à des situations parfois injustes et arbitraires… Mathilde ne dit rien, mais n’en pense pas moins : la colère intérieure gronde.

Dans ce roman noir à la tension remarquable, miroir de notre société et de ses “invisibles”, on découvre peu à peu la vie de Mathilde, un personnage au final très attachant et d’une grande justesse.

Le récit s’enchaîne avec brio et intelligence, sans temps mort : tout simplement le meilleur roman noir que j’ai pu lire ces dernières années !


Mathilde ne dit rien, Tristan Saule, Le Quartanier, 20 €

Hamnet l’oublié de la famille Shakespeare

Du fils de William Shakespeare, nous ne savons presque rien, si ce n’est sa mort prématurée à l’âge de 11 ans : autour de ce personnage d’Hamnet, Maggie O’Farrell nous plonge l’été 1596 an Angleterre dans le quotidien de sa famille et en particulier de sa mère Agnès, femme lumineuse et sensible. Histoire d’une rencontre fulgurante entre Agnès et William, histoire d’un deuil qui puise dans la douleur et fait naitre la célèbre pièce Hamlet, l’autrice possède le talent rare d’une écriture qui sonde l’âme de ses personnages et peint l’atmosphère de son roman comme un tableau.

Une merveille.

Hamnet, Maggie O’Farrell, traduit de l’anglais (Irlande du nord) par Sarah Tardy, Belfond, 22.50 €

Tasmanie, écologie et féminisme !

Au bord de l’océan en Tasmanie, Lucy croise une pieuvre femelle qui tente de traverser un bras de terre pour déposer ses œufs dans l’océan, avant de mourir.

Bouleversée par l’élan de sacrifice maternel et de persévérance de l’animal, Lucy vit cette rencontre comme un écho à ses propres épreuves : un cancer du sein a atteint sa féminité et laissé des cicatrices sur son corps. Loin de nous parler de maladie, ce roman pluriel nous plonge dans la nature tasmanienne, entre bush et paysages marins, à la rencontre de personnages détonants et attachants.

Lucy cherche à s’immerger dans la nature pour retrouver un chemin vers sa féminité et nous touche par sa franchise, son audace, sa sensualité. Un premier roman saisissant qui se dévore d’une traite.

L’octopus et moi, Erin Hortle, traduit de l’anglais (australien) par Valentine Leÿs, Dalva, 22.90 €

Promenade dans un jardin du monde

Meir Shalev nous ouvre les portes de son jardin sauvage situé au Nord d’Israël, où coquelicots, cyclamens, pistachiers, poirier s’entremêlent dans un tourbillon de couleurs et de senteurs. Instructif et souvent drôle, l’auteur nous invite avant tout à goûter un art de vivre de l’instant présent, de la contemplation et des bonheurs simples.

Très beau (le récit est ponctué d’illustrations), et reposant pour l’été.

Mon jardin sauvage, Meir Shalev, traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen, illustrations de Rafaella Shir, Gallimard, 23 €

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