Lecture musicale. Novecento : pianiste. Alessandro Baricco.
Jeudi 10 octobre à 19h30
Vous vous souvenez peut-être du premier roman de Jean-Baptiste Andrea, Ma reine, paru en 2017 aux éditions l’Iconoclaste : l’histoire de Shell, 12 ans, vivant dans la station essence de ses parents en Provence ; un garçon pas vraiment adapté ni à l’école ni au monde qui l’entoure, qui décide un jour de s’aventurer sur les plateaux alentours, où il fait la rencontre de Viviane, véritable feu follet vivant non loin de là, qui devient “sa reine”… Avec ce roman au style gracieux et poétique, Jean-Baptiste Andrea s’impose déjà comme un auteur à suivre de près… et remporte une dizaine de prix littéraires.
Son nouveau roman, Cent Millions d’années et un jour, toujours aux éditions l’Iconoclaste, confirme son talent et reste l’un des plus beaux textes que j’ai lus de cette rentrée.
Stan est un paléontologue fasciné par les fossiles depuis qu’il est gosse. Quand il entend parler d’un squelette majestueux serti dans la roche sous le glacier d’une vallée entre la France et l’Italie, il veut en avoir le coeur net et monte une expédition en plein été.
Cette vallée est une blessure dans la montagne, vendetta éternelle entre la pierre et l’eau. Elle sent l’église, un parfum de vent dans les cloches, de bronze terni, de croix couchée dans l’herbe. On s’attend au silence mais un rugissement perpétuel fatigue l’oreille : celui du torrent qui coule au fond, dans une verdeur de menthe où s’enfoncent des marches étourdies de mousse. Il faudrait être fou pour s’y risquer.
L’ascension est rude, la fatigue éprouve les corps, érode la patience… tandis que le voile se lève, par touches pudiques, sur l’enfance solitaire et triste de Stan. Derrière cette expédition, il y a plus qu’un rêve de gosse…
Les jours passent, les recherches s’avèrent difficiles, le temps menace de son “rire d’acier à l’horizon”… le récit se tord d’une tension magnifique où chacun se confronte à “l’heure grave de ne croire en rien, ou de croire en tout. »
Jusqu’où nous portent nos rêves, gravures parfois douloureuses de l’enfance ?
Voici un texte que l’on souhaite à la fois dévorer et faire durer, pour apprécier la beauté de chaque phrase, où les silences et la poésie des personnages se savourent, où l’âpreté des paysages et la couleur des saisons forment des sensations qui se fixent durablement dans notre imaginaire.
Une écriture magnifique, à la fois douce, rugueuse, humble…
Jeudi 10 octobre à 19h30