20180905
Mais leurs yeux dardaient sur Dieu
Zora Neale Hurston
Édité chez : Zulma
Prix : 22,50 €
C’est sans doute l’un des romans-événements de cette rentrée, pour la beauté de son texte, sa déjà longue histoire (il est paru en 1937), et le défi de sa traduction aux éditions Zulma.
Their Eyes Were Watching God est le premier roman écrit par une femme afro-américaine, redécouvert dans les années 1970 où il connaît depuis un succès aussi fulgurant que durable.
Janie est une jeune femme noire en floraison, élevée par sa grand mère qui a connu l’esclavage et pour qui “la femme nègue c’est elle la mule du monde, pour tout ce que j’en ai vu”. Aussi elle décide de marier sa petite fille à Logan Killicks qui possède, en plus de ses quelques lopins de terre, une sécurité à offrir…
Mais Janie se questionne :
le mariage commandait-il à l’amour comme le soleil au jour ?
Pétrie d’ardeurs et d’attentes, elle est vite déçue par le rustre Logan.
Auprès de Joe Starcks avec qui elle s’enfuit, les désillusions sont plus lentes à venir. Ambitieux, il devient l’un des premiers gouverneurs noirs d’une petite bourgade, et Janie se trouve peu à peu étouffée dans le rôle d’épouse du maire autoritaire.
Il faudra attendre Tea Cake pour que Janie connaisse le grand amour :
ses foulées pressant la terre semblaient en extraire le parfum du monde (…) Une senteur d’épices le drapait. Il était un regard de Dieu.
Dans le village on cancane, mais qu’importe puisque le chant puissant que Janie espérait résonne en elle.
Au delà d’être un portrait sensible et bouleversant de l’émancipation d’une femme Mais leurs yeux dardaient sur Dieu est le fruit d’une traduction remarquable portée par Sika Fakambi qui a inventé une nouvelle langue pour rendre la musicalité du Black American English, cet anglais parlé à la croisée de multiples cultures.
Sans conteste le plus beau roman que j’ai lu cette année.
Mais leurs yeux dardaient sur Dieu
Zora Neale Hurston, traduit de l’anglais (américain) par Sika Fakambi, Zulma
22.50€